À Peine

The loner

Au revoir, puisses-tu être repartie
Tes incursions remplies d’impacts
Caustique tu dissous mes réparties
Malgré l’armistice de notre pacte

Vieille ennemie, nouvelle épreuve
Émerger du cauchemar m’est pénible
Ployant devant le fardeau de la pieuvre
Mes os craquent et tu restes impassible

Peine et haine inséparables
Vilaines ou en frasques
Sœurs jumelles détestables
Je subis vos bourrasques

Demeurer stoïque et froid
Enfoui sous un maitre de fermeté
Marmoréen, solide effroi
Échec du désillusionné

Vieille amie, nous le fûmes jadis
Sous ton poids j’étais, sûr, vivant
Souriant de tes noirs auspices
Une idioties dorénavant

Tapi dans un océan de douleurs
Transparent au corps d’aurélie
Fuyant a tout pris ton malheur
Éloigner ton hégémonie

Cancer dur comme l’acier
Escarre vive, un ulcère
Tu crois en la terre brûlée
Ravage en mes artères

Voyant ton travail de sape
Toujours prête à éclore
En ce jour je te frappe
Pour te passer le mors

À Peine, une faveur
Recouvre ta liberté
Pars et sévis ailleurs
T’ayant déjà tout donné

Mon rock progressif

Variante du rock, le rock progressif a connu ses heures de gloire durant les décennies 1970 et 1980.

Ripples

Il est parent du rock par les instruments utilisés, essentiellement guitares et basses électriques, batteries et synthétiseurs. Il s’en démarque par ses polyrythmies, par ses plages d’une longueur hors du commun et par son phrasé musical souvent complexe, recherché et inédit. Avec le rock progressif, la nouveauté est toujours au rendez-vous sinon ce n’en est pas.

Dans cet article, je ne prétends surtout pas vous donner une formation en histoire de la musique moderne, tant s’en faut. Ceci dit, je ne cherche pas non plus à effectuer un classement des groupes incontournables en la matière. Je veux simplement aborder ce sujet à partir de mon expérience personnelle et nécessairement limitée.

Chez les leaders en a matière, personne ne copie personne, tout est à inventer puisque la page est encore vierge et tous les groupes s’en donnent à cœur joie. Le premier groupe de ce style à avoir atteint mes oreilles est très certainement Gentle Giant. Cependant, puisqu’il sévissait tout autant en rock expérimental, ma première impression est restée accrochée à ce style déconstruit, plus ardu à appréhender et à apprécier. Du propre aveu de leurs membres, la musique populaire devait s’affranchir de sa facilité, quitte à devenir impopulaire. À cet âge, peut-être encore trop peu de culture musicale derrière la cravate, Gentle Giant est resté chez le disquaire.

Ce ne fut pas le cas avec le groupe mythique King Crimson avec leur disque In the Court of the Crimson King. Je me délecte de cette originalité singulière de I talk to the wind, Epitaph et The Court of the Crimson King.

Un autre groupe qui s’était lancé corps et âme dans le rock expérimental fut bien évidemment Pink Floyd. Je parle de ce groupe avant The Dark Side of the Moon. C’est l’époque de Ummagumma et de Atom Heart Mother, du rock tout aussi psychédélique qu’expérimental. Même si Sid Barrett, le premier guitariste du groupe n’en fait plus partie, ces œuvres ressentent encore fortement son influence. Ici en Amérique du Nord, Pink Floyd reste à ce moment généralement méconnu. Le vent commence à tourner avec le disque Meddle sur lequel la face B ne contient qu’une seule plage devenue éternelle, Echoes.

Echoes

Je passe des jours à faire tourner cette musique en boucle. Je suis totalement séduit par le côté planant sans devoir prendre du LSD pour l’apprécier et je me laisse porter par les rythmes parfois envoûtants, parfois entêtants, parfois très mélodieux. Après la musique classique, j’ai enfin trouvé ma source de plaisirs musicaux intenses.

Malgré ce coup de foudre, je varie mes extases avec ELO (Electric Light Orchestra) et ELP (Emerson, Lake & Palmer). Ce Lake en question était aussi le guitariste de King Crimson un vrai faux groupe qui ne se réunissait que pour endisquer puisque tous ses membres se détestaient joyeusement.

Le temps passe et les groupes se multiplient. Cream, Tangerine Dream et trois autres groupes qui me sont restés collés à jamais, Jethro Tull, Supertramp et Genesis. Non pas le Genesis pop dirigé par Phil Collins, mais le précédent, celui des cinq membres, celui incluant également Peter Gabriel et Steve Hackett. Nursery Cryme, Foxtrot, A Trick of the Tail, The Lamb Lies Down on Broadway et Selling England by the Pound, des albums plus que mythiques, des chefs-d’œuvre intemporels dans leur style.

Avec Jethro Tull, ce sont les albums Thick as a Brick et Aqualung qui me séduisent suffisamment pour m’acheter une flûte traversière. Supertramp ne devient connu aux USA qu’avec le disque Breakfast in America alors que j’écoute allègrement depuis plusieurs années leurs microsillons précédents, Crime of the Century, Crisis, What Crisis? et Even in the Quietest Moments.

Les œuvres de Rush s’intercalent parmi mes lectures, tout comme le groupe Yes ainsi que toute la descendance qui fut innombrable. Au Québec, la palme revient au groupe Harmonium qui a composé des pièces d’anthologie qui resteront pour toujours gravées dans ma tête.

Bien sûr, à cette époque prolifique, je n’écoute pas que du rock progressif, ce sont aussi les décennies d’or pour le rock en général et je ne m’en prive certainement pas.

J’étais toutefois certain que le rock progressif deviendrait aussi prisé que la musique classique d’ici quelques siècles. Tous ces groupes signaient l’avenir musical des quatuors, peut-être ceux du vingt-deuxième siècle !

Pendant de longues années, les gens ont boudé la musique classique considérée avec raison comme élitiste et inabordable. Les temps ont changé. Je le vois très bien lorsque je vais écouter l’Orchestre symphonique de Montréal ou l’Orchestre métropolitain de Montréal et que la salle est d’une disparité exemplaire. La musique classique s’est dépoussiérée pour atteindre toutes les classes de la société.

Le rock progressif passe un peu ce genre de période. Presque aucune radio ne consacre sa programmation à ce genre musical. Il n’est pas suffisamment accrocheur ni populaire auprès des jeunes. Et en jouer requiert des habiletés certaines et une dose de talent hors du commun. Mais un jour viendra où il reparaitra dans toute sa splendeur, le jour où quelques jeunes influents entendront ce que moi-même j’ai entendu à cette époque, le génie musical.

Même si je ne suis plus un aussi fidèle auditeur de ce style, je m’en gave encore de temps en temps puisque le rock progressif s’est rajouté à la musique classique dans la liste de mes amours éternelles.

Connaissez-vous votre E ?

Aujourd’hui, je vous ai concocté un quiz autour de la lettre « e » utilisée en français. Le but principal n’est pas d’évaluer vos connaissances en la matière, mais plutôt de vous rappeler ou de vous apprendre certaines règles et exceptions entourant cette fameuse lettre. Vous trouverez les réponses aux questions à la fin de l’article.

Echoes

Dans le texte, les signes phonétiques sont placés entre crochets [ ]. Vous pouvez trouver la référence sur le site du « Grand Robert » à cette adresse : https://grandrobert.lerobert.com/AideGR/Pages/TableAPI.html

1. En plus des accents aigus, graves et circonflexes sur le « e » (é, è et ê) qui modifient sa phonétique, certains mots possèdent un e non-accentué qui pourtant se prononce [a] comme dans « balle ». Nommez cinq mots provenant de racines distinctes dont le « e » se prononce [a].

2. On sait que le « e » est la lettre la plus employée en langue française. Sa fréquence d’apparition est estimée à 12,1 % et à 14,44 % en incluant les e accentués. Pourtant, un auteur a réussi l’exploit d’écrire tout un roman sans utiliser aucun « e ». Quel titre porte ce livre écrit par un membre de l’Oulipo ?

3. Pourtant, bien que le nom de l’auteur de ce livre (incluant son prénom) ne comporte que onze caractères, on y dénombre quatre « e » pour un pourcentage de 36,4 %. Quel est le nom de cet individu ?

4. Diriez-vous qu’en anglais, le « e » est moins fréquent ou plus fréquent qu’en français ?

5. La plupart des noms féminins se terminant par « té » ou « tié » s’écrivent sans « e » final. Beauté, amitié, santé et pitié en sont de parfaits exemples.

Il existe toute une panoplie d’exceptions, mais elles possèdent souvent un point commun. J’en dénombre une bonne quantité, dont assiettée, charretée, cuillerée, litée, marmitée, pelletée, platée, pochetée, potée, portée, etc. On associe facilement à chacun de ces noms l’autre nom d’origine. Quel est le point commun en question entre tous ces noms se terminant par « tée » ?

6. Le cas du nom « tétée » est particulier bien qu’il fasse également partie de la catégorie précédente. En quoi est-il différent des autres ?

7. Plusieurs autres noms féminins se terminant par « tée » n’entrent pas dans cette catégorie d’exceptions. Ce sont souvent des transformations d’un adjectif (ou d’un verbe) à un nom. Là encore, ils ne sont pas rares. Croûtée, dentée, frottée, futée, heurtée, jetée, jointée, sautée sont tous des noms féminins créés à partir de l’adjectif féminin homonyme. En linguistique, comment se nomme cette transformation d’un adjectif (ou d’un verbe) en nom ?

8. Enfin, certains noms féminins se terminant par « tée » sont dérivés du latin. On les retrouve surtout en science. Les noms actée, galatée, lépidostée et stromatée entrent dans cette catégorie. Selon vous, galatée est le nom d’un astre, une sorte de crustacé, de plante ou de poisson ?

9. Les « e » qu’on prononce [a] n’est pas la seule particularité des e dans la langue orale, il y a aussi les cas du e caduc et ceux du e muet. Les e muets sont légion. Si le mot se termine par e, ce dernier est bien souvent muet. Affaire, cuire, poire, sincère, vous voyez le topo. Le e muet final se prononce parfois lorsque le mot se retrouve dans des chansons. C’est une question de rythme et de rime « La bohèmeeee 🎵».

Le e caduc est, soit muet ou très peu appuyé, soit prononcé. Il se situe à l’intérieur d’un mot et nous sommes libres de le taire ou pas. Il faut toutefois faire attention. Voyons l’exemple suivant. On a le choix de prononcer ou non le e caduc dans le mot « fenêtre » qui devient « f’nêtr ». Le premier e est caduc et le dernier est muet. Cependant, on doit toujours le prononcer dans le mot « fenestration ».  Trouvez deux autres mots dont le e caduc devient nécessairement muet et ensuite deux mots dont le e caduc doit absolument se prononcer.

10. Connaissez-vous l’autre nom donné au e caduc ?

11. Nous savons tous que le français est une langue latine et si ce n’était pas le cas, maintenant c’est fait. Notre langue a hérité de plusieurs mots latins qui n’ont jamais changé de graphie même lorsqu’un caractère ne se trouve pas directement dans notre alphabet. C’est le cas de la ligature du a et du e, le fameux « æ » bien connu grâce au nom « curriculum vitæ ». On le nomme de multiples façons, comme si aucun nom ne lui convenait parfaitement. Ligature, lettres liées, lettres soudées, lettres doubles, voyelles doubles, digramme, on ne s’ennuie pas. Si l’æ est un digramme, nommez-en un autre comportant un e et utilisé en français.

12. En français, comment se prononce l’æ ?

13. Trouvez trois autres mots utilisant le digramme « æ ».

14. On retrouve parfois un tréma sur le « e » (ë) lorsqu’il se situe à la fin d’un mot. Sauriez-vous dire pourquoi ?

15. En français, quel est le maximum de e trouvé dans les mots du dictionnaire ?

16. Sauriez-vous trouver un mot français qui n’est pas un mot composé, ni un verbe conjugué, ni un adjectif au féminin (qui rajoute un e) et qui contient ce maximum de e ?

Comme vous pouvez le constater, notre lettre la plus prolifique est plutôt étonnante, car remplie de particularités et de contradictions.

Réponses

  1. Cinq mots dont le e se prononce [a], le plus commun est certainement « femme ». Il est si commun qu’on oublie facilement sa prononciation exceptionnelle. Vous auriez également pu nommer « moelle, poêle et solennel ». À cette courte liste, se rajoutent toutefois plus d’une cinquantaine d’adverbes se terminant en « emment » comme ardemment, différemment, éloquemment, innocemment, négligemment, etc. Le choix ne manquait pas. 
  2. Le livre sans e s’intitule : « La disparition ». L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) est un groupe de recherche littéraire créé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais.
  3. Toute une performance de l’auteur George Perec !
  4. Étonnamment, en anglais, la fréquence du « e » est plus élevée qu’en français si on prend seulement le « e » non accentué. Sur le site de Wikipédia, elle a été mesurée à 12,7 % de son contenu en anglais comparativement à 12,1 % en français. Cependant, avec les « e » accentués, la fréquence en français de 14,4% dépasse celle de l’anglais. En anglais, le « e » n’est jamais accentué, sauf pour les mots empruntés au français. Café, fiancé et crêpe font partie de ces rares mots acceptés en anglais qui possèdent un accent sur le « e » et que les gens sont censés écrire tel quel. Cependant, paresse exige, nos amis d’en face « omettent » couramment de les accentuer correctement.
  5. Tous ces noms représentent une quantité, un contenu.
  6. Bien que « tétée » représente aussi une quantité, il n’est pas dérivé d’un autre nom, mais du verbe « téter ».
  7. Transformer un adjectif ou un verbe en nom se nomme « la substantivation ». Un mot qui ne comporte aucun e, et ce malgré ses quinze caractères. Noter que le mot « substantif », donner de la substance, est un synonyme du mot « nom ».
  8. Galatée est un crustacé. Il provient du latin « galathea », lui même tiré du nom propre grec Galathea. Dans la mythologie grecque, Galatée (en grec ancien Γαλάτεια / Galáteia) est l’une des Néréides (nymphe marine), fille de Nérée et de Doris. Ceux qui ont répondu que galatée est un astre ont partiellement raison. Oui, Galatée est bien le nom de la sixième lune de Neptune, dernière planète de notre système solaire, cependant seul le crustacé galatée est un nom commun, il s’écrit donc sans majuscule.
  9. Il existe une foule de mots dont le e caduc est obligatoire. Une série est bien connue, celle des mots avec la terminaison « ement » comme dévouement, paiement, remerciement, etc, mais pas tous. Pensons aux mots abjectement, adorablement, bougrement, département, fermement, etc. qui requièrent tous de prononcer le e. Noter toutefois que dans tous ces mots, le e est précédé de deux consonnes. Avec le m qui suit, cela ferait trois consonnes à prononcer sans voyelle séparatrice. Les prononciations blm, grm, rtm, rmm ne sont pas naturelles et c’est pourquoi le e n’est jamais muet dans ces mots.
  10. Un e caduc est aussi appelé e instable. Le e muet ou caduc muet est aussi appelé un « schwa » [ʃva], une voyelle neutre. Rajoutez-y un « l » à la fin et vous obtenez un cheval dont le e est caduc (ch’val) 😀.
  11. L’autre digramme est aussi bien connu, c’est l’œ comme dans œil, œuf, bœuf, sœur, etc. Noter que pour des raisons souvent techniques, les ligatures œ et æ ne sont pas obligatoires et évidemment elles deviennent inutilisées dans des jeux comme le scrabble ou les mots croisés. Il est cependant recommandé de les utiliser partout où c’est possible. C’est pourquoi la version française de Word possède la capacité de ligaturer automatiquement les mots dont l’orthographe contient un æ ou un œ en tapant simplement les deux lettres consécutivement. Sur Mac avec l’OS X, il est facile de taper directement les caractères æ et œ en utilisant Option + a et Option + q.
  12. En français, on prononce l’æ comme un é, un e fermé, [e]. Cependant, en latin, la véritable prononciation tendait à laisser entendre les deux voyelles, cependant en atténuant le a et en insistant sur le e. J’ai eu un prof de latin qui, lui, détachait carrément le son des deux voyelles [ae] comme si aucune ligature n’existait. Quant au digramme œ, il se prononce généralement comme peur. Son signe phonétique est justement le même [œ]. Mais là encore, des exceptions s’appliquent. Le œ dans alstrœmère se prononce comme le o de sot [o], tandis que celui de amœbée se prononce é, un e fermé [e]. On voit donc que le digramme œ peut prendre plusieurs sons différents dépendant des autres lettres qui l’accompagnent.
  13. Souvent, les mots possédant le digramme æ possèdent également une autre graphie francisée. Cæsium a  césium, cobæa a cobéa, elæis a éléis, et cætera a et cetera, fæces a fèces,  pæan a péan, præsidium a présidium, sæptum a septum, tænia a ténia, etc. Mais d’autres n’ont qu’une seule façon de s’écrire. C’est le cas de æoline, æolis, æschne, æthia, hymenæa, nævus, uræus, vitæ, etc.
  14. Les mots féminins aiguë et ses composés, ainsi que ciguë, exiguë, contiguë, etc., portent un tréma sur le e, car la prononciation du groupe de lettres « gue » sans ce tréma donne [gǝ] (g dur et e ouvert) comme dans « ligue », tandis que tous ces mots se prononcent [gy] (g dur et u comme dans « du »). Le e tréma (ë) nous rappelle la bonne prononciation à adopter.
  15. En français, le maximum de e dans un seul mot est de 6, mais la plupart d’entre eux sont des mots composés, des verbes conjugués ou des adjectifs féminins.
  16. Il existe plusieurs mots contenant 6 e. En voici deux. Dégénérescence et préférentiellement.

La Covid pour le Corvidé

Ouais, j’ai attrapé la saleté un peu avant les Fêtes.

Pilgrims' Road

J’ai annulé toutes mes sorties pour réfugier ma misérable carcasse entre l’édredon et les poussées de fièvre, entre la salle de bain et les courbatures, entre les bouteilles d’eau et les étourdissements.

En plus du virus chinois, je suis à peu près certain d’avoir simultanément chopé la grippe H1N1, la grippe saisonnière, parce que je tarde à me remettre sur pied. Je me sens toujours comme au lendemain d’une cuite au mauvais whisky, les pieds ne touchant pas tout à fait le sol, comme si je marchais sur un matelas pneumatique à demi gonflé. L’autre extrémité de mon anatomie n’a pas plus la forme, le cerveau comprimé entre les mâchoires d’un étau rouillé et celles d’un bad trip à l’acide. J’ai l’énergie d’un escargot sur les antidépresseurs.

Durant ma vie, j’ai dû affronter quelques situations difficiles qui m’ont demandé de faire plus d’efforts qu’un homme ordinaire n’est censé faire. Je connais ce sentiment d’être rendu au bout du rouleau et ce foutu virus semble vouloir me faire revivre ces tristes moments.

Je tente de me rassurer en pensant à ma première expérience avec la bête il y a de cela deux ans. Les symptômes s’étaient dissipés plutôt bien, me laissant pour seul relent une anosmie temporaire. Je détestais cette pathologie autant que j’aimais le scotch qui ne me procurait plus aucun plaisir. Mon odorat a graduellement repris ses fonctions avec une sensibilité exacerbée pour la cannelle durant la transition.

Cette fois-ci, mon nez se porte relativement bien. Il en va autrement de mon état général qui tarde à reprendre son service normal. Si j’étais une ligne de métro, je dirais que plusieurs rames ont dû être retranchées, amenant de la congestion et des retards généralisés. Après une seule boucle, les wagons doivent être dérivés sur la voie de desserte pour effectuer un entretien supplémentaire forcé.

Justement, en écrivant ces lignes, l’électricité a décidé de m’imiter en tombant elle aussi en panne, probablement causée par la tempête de neige qui dépose une quantité non négligeable de merde blanche. Je pense à devoir déneiger mon véhicule emmuré par les chasse-neiges. Vous pouvez vous imaginer, cette expectative ne me réjouit aucunement.

Vivre un épisode de Covid au Québec en hiver, ce n’est pas vraiment top. C’est là où je repense à cette offre de jeunesse qui consistait à m’installer en Martinique en compagnie d’une charmante jeune femme d’affaires. La seule condition consistait à devenir son « obligé » sexuel.

Tant qu’à devenir un jour à la merci d’une petite bête, j’aurais dû accepter son offre plutôt que de me retrouver « Covidé ». La preuve qu’étant jeune, on choisit souvent très mal son avenir.

Rétrospective 2023

Les fins d’années sont propices aux rétrospectives de toutes sortes. Chacun y va de son top cinq, top dix, ou plus, dans son domaine de prédilection.

Songe à Charlevoix

Cette tradition me fout un peu dans l’embarras, car je ne me connais pas vraiment de domaines privilégié. Je ne peux donc pas vous rapporter certains faits mieux que les spécialistes le font depuis quelques jours.

Par contre, étant le spécialiste incontesté du Corbot, je pourrais sélectionner quelques articles parmi ceux qu’il a publiés en cette année 2023. Mais question de rester dans la simplicité, je me limiterai à seulement cinq articles qui, selon mes propres critères, valent vraiment la peine d’être lus, ou relus.

Voici donc, en ordre croissant de satisfaction, ces cinq meilleurs textes de l’année.

Cinquième position

L’entame s’effectue avec l’article « Les quatre expressions fétiches des Étatsuniens » publié le 27 mai 2023.

Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous envahis par des films ou séries télévisées étatsuniennes. À force de les écouter, j’en ai extrait quatre expressions redondantes, voire sciantes. Et en rajoutant un « h » au bon endroit, vous obtiendrez mon opinion réelle sur celles-ci.

Quatrième position

Pour rester un peu dans le même sujet, c’est-à-dire la culture étatsunienne, j’ai fait paraitre « Le paradoxe Thanos » le 3 mars 2023.

Le sempiternel combat du bien contre le mal prend une tournure amère lorsque la solution du méchant garçon semble cependant la meilleure que l’univers pourrait adopter. Malgré la barbarie apparente du geste, couper la jambe d’un gangrené lui sauve parfois la vie, tandis que pleurer son état et ne rien faire le condamne à coup sûr.

Troisième position

Plusieurs peuvent être en désaccord avec mon constat présenté le 27 avril 2023 dans l’article s’intitulant « Comment nous avons perdu le combat pour le climat ».

Pour certains, la lutte n’est pas encore perdue et ce n’est pas le temps de baisser les bras. Pour d’autres dont je fais partie, ce combat est terminé depuis déjà belle lurette et la cause exacte de notre défaite vient tout bonnement de notre…

Deuxième position

Mentir pour protéger ceux qu’on aime est-elle une attitude acceptable ? Je tente de répondre à cette difficile question dans l’article-essai paru le 11 novembre sous le titre « La vérité est-elle bonne pour tous ? »

Première position

J’ai fait paraitre quelques poèmes au cours de cette dernière année. Il s’agit de textes inédits, tous écrits peu de temps avant leur apparition dans mon blogue. L’un d’eux parle des feux de forêt qui ont ravagé ma province au cours de la saison chaude en abordant ce sujet brûlant sous l’angle d’un de ces nombreux pompiers. « Ode au combattant » a paru le premier septembre 2023.

Voilà. J’espère que vous avez aimé leur lecture ou relecture. Bonne nouvelle année à toutes et à tous !

Noël soporifique

Carol of the Bells

Les religions aimaient bien récupérer les fêtes païennes afin de mieux faire passer les transitions d’un mode de croyance à un autre. C’est ce qui s’est produit avec Noël, la célébration de la Nativité. En situant cet événement le 25 décembre, la chrétienté l’amalgamait à la célébration païenne du solstice d’hiver. Petit à petit, le Soleil cessa d’être le centre d’intérêt au profit de la naissance du Christ.

Par la suite, Noël goûta à cette même médecine en perdant son sens religieux au profit d’une fête presque essentiellement commerciale centrée autour d’un personnage fabuleux et fantasmagorique, le père Noël.

Afin de conserver un certain sens du sacré, beaucoup d’efforts ont été effectués pour ramener certaines valeurs morales à l’avant-scène. Au-delà d’un événement religieux, la charité, le partage, le pardon, l’amour et la générosité sont toutes des valeurs qu’aujourd’hui Noël évoque avec fortes insistances.

Ainsi, nous pouvons rendre hommage à ces valeurs universelles, qu’on soit de confession chrétienne ou pas. La « magie » de Noël transforme les gens, ne serait-ce que l’espace d’un instant. Les pingres se voient subitement dotés d’un cœur généreux, les acariâtres deviennent tolérants, les ermites accueillent le voisinage et les menteurs cessent de dire n’importe quoi.

Bien sûr, toute cette bonté ne perdure pas et dès la fête terminée, ce beau monde retourne à ses activités favorites jusqu’au… prochain miracle de Noël.

Une seule journée de bonté dans toute une année, je ne vois pas l’intérêt de fêter victoire. Ce n’est ni plus ni moins qu’un cadeau empoisonné. Noël nous laisse croire que les choses peuvent devenir différentes alors qu’il n’en est rien. Le monde continue d’être égoïste, ambitieux, narcissique, cruel, radin, violent et insensible.

Alors pourquoi devrais-je fêter Noël ? Vous dites que c’est la fête de l’espoir ? Mais pour moi, l’espoir nourrit l’inaction. Si on veut que le monde change vraiment, celui-ci doit cesser de célébrer l’espoir, de recevoir sa dose d’idées soporifiques une fois par année.

Comme par les années passées, cette nuit, je ne célébrerai pas Noël. Je me coucherai tôt et je rêverai plutôt que le monde change vraiment. Ce ne sera qu’un fantasme, direz-vous ! Oui, c’est vrai. Mais je ne me bercerai pas d’illusions, contrairement à ceux qui croient en étant réveillés que Noël changera quelque chose dans leur vie alors que le seul vrai miracle serait qu’eux-mêmes deviennent réellement différents.

Techniques commerciales répréhensibles

On le sait tous, depuis la pandémie, les prix à la consommation ont explosé.

Bach – Prélude et fugue

Certaines hausses peuvent s’expliquer, tandis que d’autres s’inscrivent clairement dans un plan bien orchestré pour gonfler les profits au détriment des consommateurs les plus vulnérables. Et quoi de plus essentiel dans la vie que la nourriture ?

Dans l’alimentation, on a droit à la réduflation. Au lieu d’augmenter les prix, une technique qui demeure  facilement détectable, on diminue les quantités sans nécessairement modifier les dimensions des emballages. Maintenant, si j’achète deux boites contenant chacune cinq barres de céréales, au lieu autrefois de six, les dix unités rentrent aisément dans une seule d’entre elles. Essayez-le, vous verrez.

Une autre technique largement utilisée est celle de l’ascenseur. Durant une semaine ou deux, on gonfle les prix de certains articles pour ensuite inventer de faux rabais en affichant les prix précédents et en les comparant avec les prix gonflés. Plus ces prix ont été artificiellement haussés et plus les économies semblent importantes. La majorité des consommateurs n’y voient que du feu, puisque les articles les plus en solde disparaissent rapidement des tablettes.

On a également droit au mensonge éhonté. Encore plus facile à mettre en place que l’ascenseur, les marchands indiquent simplement que certains articles sont à prix réduit alors qu’il n’en est rien. Ne pouvant afficher l’ancien prix puisqu’il n’a pas changé, ils se contentent tout bonnement d’ajouter un carton marqué « spécial », « prix réduit » ou « baisse de prix », mais ce n’est que de la poudre aux yeux.

L’autre technique bien connue est la disette, celle des soldes menant à des tablettes vides que les épiciers remplissent les semaines suivantes avec les mêmes articles, mais cette fois-ci, à prix réguliers et en quantité astronomiques. Combien de consommateurs se prévaudront de leur droit à obtenir un coupon rabais ? Très peu, compte tenu du temps passé à courir après les gérants qui subitement deviennent injoignables. Ces derniers se défendent en prétextant que les consommateurs ont été trop nombreux à dégarnir les tablettes. Mais si un spécial est censé durer une semaine, les commerçants doivent posséder des quantités conséquentes, alors qu’ils tombent facilement et fréquemment en rupture de stock dès la première journée.

Récemment, le gouvernement a menacé les épiciers de les obliger à réduire leur marge de profits qui est simplement devenue indécente. Mais au lieu de se conformer à cette demande, ils utilisent un florilège de stratagèmes pour passer outre sans se faire taper sur les doigts.

Ils font même courir la rumeur que plus de 50 % des articles vendus sont soldés. J’ai entendu des journalistes « sérieux » relayer cette fausse nouvelle. Pourtant, plus ce pourcentage parait élevé et plus il doit devenir suspect. C’est impossible qu’un commerçant solde 50 % de ses articles courants, et ce à moins de fortement gonfler les prix de l’autre 50 %. Leurs riches amis risqueraient de leur faire des reproches. Mais ils n’ont pas besoin d’en arriver là s’ils s’adonnent à diminuer les quantités, à fausser les prix des articles apparemment soldés ou à simplement les rendre indisponibles.

Depuis l’invention de l’argent, la cupidité a toujours existé puisqu’il est possible d’engranger plus que nécessaire sans perdre ses possessions. Les chasseurs-cueilleurs n’avaient que faire de plus de réserves qui inévitablement finissaient par pourrir. Gaspiller consistait à emprunter aux prochaines saisons des ressources essentielles. Vue sous cet angle, toute réserve en surnombre menaçait ensuite la survie de l’espèce. Il existait un frein naturel à la surconsommation, ce que l’humanité a perdu depuis le travail rémunéré en argent qu’on peut accumuler sans trop risquer de le perdre.

Mais cette cupidité devient indécente et immorale lorsqu’elle empêche la population la moins bien nantie de se nourrir décemment à un coût acceptable. Nous vivons dans des pays où l’abondance existe, mais elle est devenue inaccessible à une tranche de la population de plus en plus importante, et ce, évidemment, au profit grandissant d’une très petite minorité d’individus à l’appétit inassouvissable et au pouvoir incontrôlable puisqu’ils possèdent déjà tout, y compris le peuple, y compris ses dirigeants.

Équilibre ou stabilité

Si le progressiste recherche l’équilibre, le conservateur vise principalement la stabilité.

Greensleeves

L’équilibre est difficile à atteindre et il est éphémère tandis que la stabilité n’existe qu’en pensée puisque tout est constamment en mouvance. Parlez-en à un fildefériste où son trajet est un grossissement, une caricature des aléas de la vie. S’il parvient à se maintenir sur son câble, il ne le doit pas à sa stabilité, mais bien à son équilibre, une moyenne nulle de l’ensemble de ses déséquilibres tridimensionnels.

Si rien dans la nature n’est vraiment statique, doit-on pour autant accepter immédiatement tous les changements qui se présentent à nous ? Courir sur son fil de fer permet d’atteindre plus rapidement l’autre extrémité, mais les probabilités de tomber en chemin croissent en conséquence, et pas seulement qu’un peu ! Avec le changement, la prudence est donc de mise. Il faut savoir bouger, mais ni trop vite ni trop lentement. Une fois de plus, un juste « équilibre » doit exister entre embrasser les transformations sans retenue et l’immobilité morbide.

En général, ce qui distingue les gens de bonne foi, les progressistes modérés des conservateurs également modérés, est justement cette vitesse avec laquelle les changements doivent être acceptés et ensuite assimilés. Le fossé n’est pas si important entre les uns et les autres. En revanche, il devient infranchissable entre les radicaux des deux camps. Tous deux possèdent d’excellents arguments et des besaces remplies d’exemples patents tirés du passé pour étayer leurs convictions. Sur ce terrain, personne ne convainc l’adversaire et un dialogue de sourds s’installe à demeure.

Vivre trop dans le passé ou constamment dans le futur n’accorde personne. Un clivage s’installe dans la société et lorsqu’il a pris ses aises, il devient très difficile de l’en chasser. Par dépit, car ils perçoivent qu’aucune autre option n’est envisageable, les modérés rejoignent les rangs des radicaux puisque les seuls discours galvaudés sont les leurs, remplis de préjugés et de haine pour les opinions adverses.

L’acrobate vacille trop fortement, l’équilibre se rompt. Les ailes radicales écartèlent la même société qui les a vues naitre et prospérer. Sans corps pour les relier, elles disparaissent toutes deux dans la mer des cuisants échecs. Non seulement personne n’a gagné, mais tous ont perdu.

Cinq pensées

Cinq pensées profondes ou profondément débiles de votre Corbot. À vous de juger.

Faire la paix avec l’amour

Plus on possède une douce patience, plus elle est mise à rude épreuve.

Le vélo, c’est comme la vie. Si tu ne pédales pas, à coup sûr tu vas te retrouver le nez par terre.

Un concubinage réussi et un bon sac à dos ont en commun de rester confortables même lorsqu’ils pèsent lourd.

Un malheur éphémère surprend, déstabilise, heurte et blesse, car notre esprit a déjà oublié les précédents. Si vous préférez éviter les surprises, restez toujours malheureux.

Pour garder longtemps espoir, il faut savoir cesser d’écouter. Pour conserver longtemps son amour, il faut savoir cesser de regarder. Pour préserver son intelligence, il faut savoir cesser de parler.

L’Amérique pleure

Aujourd’hui, l’Amérique pleure, l’Europe aussi et dans bien d’autres lieux dispersés sur la Planète, la disparition prématurée de Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys fringants.

L’Amérique pleure